Les coulisses de Majuno

Jean‑Charles Matrone

C’est naturellement en Auvergne, berceau des volcans français, que Jean-Charles Matrone travaille la pierre de lave au sein de son atelier. À partir d’une pierre millénaire, il a créé une pièce contemporaine d’exception, fruit de l’imagination de ce maître du feu.

Tradition Pierre, l’atelier de Jean-Charles Matrone et son épouse Anne-Sophie, se trouve à Lempdes dans le Puy-de-Dôme, au pied des volcans auvergnats. De ces collines, l’artisan tire la matière première de son art : la pierre de lave.  Plus précisément, il travaille la pierre de Volvic, dont il s’approvisionne auprès des carriers de la région.

Pourquoi avoir choisi de travaillé la pierre de lave ?

Mon père, Aimé, était entrepreneur. Il faisait de la maçonnerie, de la peinture, et je l’accompagnais souvent sur les chantiers et dans les carrières. À force de l’observer et de lui prêter main forte aussi, j’ai d’abord décidé d’apprendre le taillage de la pierre puis j’ai fait mon apprentissage dans un atelier d’émaillage de la lave d’Auvergne.

Petit à petit, mon épouse et moi avons décidé d’ouvrir notre atelier pour pouvoir créer nos propres modèles. Bien nous en a pris puisqu’aujourd’hui, nous avons l’immense chance de travailler avec des décorateurs et des designers formidables. Je suis très fier de ce savoir made in France qui s’exporte de plus en plus.

En partant d’une pierre millénaire et grâce à un savoir-faire ancestral, nous imaginons et fabriquons toutes sortes de pièces de mobilier pour les particuliers ou pour des lieux emblématiques. Nous avons par exemple été appelés pour refaire entièrement la façade de La Samaritaine dans le cadre des travaux de réhabilitation.  Les volcans d’Auvergne alliés à ce symbole de la vie parisienne, vous vous rendez compte ? J’aime cette idée de redorer le blason de cette matière longtemps oubliée pour la mener jusque dans les plus grands cabinets d’architectes.

Comment passe-t-on de la pierre de lave brute à la pièce que vous avez créée pour Majuno ?

Je travaille en étroite collaboration avec les carrières auvergnates où je me fournis. Mais ça n’est que le début d’un long processus. Il faut ensuite laver la pierre, la dépoussiérer, la débarrasser de ses imperfections. On la cuit alors une première fois avant de la laisser refroidir et sécher une douzaine d’heures. Nous appliquons ensuite sur celle-ci ce qu’on appelle l’engobe, un enduit qui va lisser la pierre en rebouchant les pores de la lave. Puis nous enfournons à 960 degrés.

C’est ensuite à Alain, notre coloriste émailleur, d’entrer en scène. Il a imaginé des couleurs spécialement pour cette table. Ces nuances safran, grises ou noires viennent de ses mélanges d’émaux de Limoges. Une fois l’émaillage appliqué au pistolet, la pièce retourne au four pour huit heures. Derrière son aspect un peu rude, la pierre de lave demande beaucoup de précautions, de patience et de soin pour se révéler.

Vous semblez aimer cette matière plus que tout…

Oui, c’est vrai. J’aime aussi le fait d’embellir une matière naturelle un peu brute au départ. La pierre de lave n’a que des avantages : elle est très résistante, ne raye pas, ne se tache pas. Comment ne pas l’aimer ?

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