Les coulisses de Majuno
Lauréat du concours Ateliers d’Art de France en 2021, Jonathan Ausseresse confie qu’il a appris à couper du verre avant de savoir faire du vélo. Descendant d’une longue lignée d’artisans, le maître-verrier signe une pièce maîtresse de notre sélection.
Dans la famille Ausseresse, il y eut la grand-mère couturière chez Jean Patou, le grand-père ferronnier d’art, le papa Michel maître verrier et enfin Jonathan, digne descendant de cette longue lignée de faiseurs aux doigts d’or. Jonathan Ausseresse, maître-verrier lui aussi et élu Meilleur Apprenti de France en 2013, signe une table de verre contemporaine aux nuances gris-bleu, enrichie de reflets mordorées.
Etiez-vous destiné à devenir maître-verrier comme votre père ?
Il était avant tout évident que je serais artisan, c’est dans l’ADN de ma famille. Cela dit, avant de me lancer dans le travail du verre, j’ai voulu me frotter à d’autres matières. Dès l’adolescence, j’ai fait un stage chez un orfèvre puis j’ai appris la taille du métal, la fonderie et la mosaïque. Il était important pour moi de connaître différents savoir-faire.
Et comme j’ai grandi dans l’atelier de verrier de mon père, près de Vienne, je me suis orienté vers cet art après un CAP de décorateur sur verre à l’Ecole Supérieure de Design et des Métiers d’Art d’Auvergne. Aujourd’hui, je travaille en étroite collaboration avec des marbriers, des ferronniers. Nous sommes complémentaires et parlons le même langage.
Où travaillez-vous aujourd’hui ?
Je suis installé à Chauffailles, un village de 3 700 habitants situé en Saône-et-Loire, entre la montagne beaujolaise et le pays de basses collines roannais. Je connaissais déjà cette région que j’aime beaucoup puisque je me suis installé dans la maison de ma grand-mère autrefois couturière. J’y ai mon atelier avec beaucoup d’espace et il en faut pour installer un four de deux mètres sur un !
Comment est née la table que vous avez créée pour Majuno ?
Cette table s’inscrit dans la lignée de la collection Fluence imaginée en 2020, même si elle est unique en son genre. J’ai rencontré Julie, à l’origine de Majuno, en mars 2022 au salon Maison&Objets. Elle a flashé sur cette collection, alors après avoir longuement discuté avec elle, nous sommes arrivés à cette table.
Fruit de nombreux essais au fil des années, ce modèle alterne feuilles de verre et poudre d’émail, ce qui lui donne cette profondeur lumineuse. Au départ, ces multiples couches peuvent faire quinze centimètres d’épaisseur. Après passage dans mon four, elles ne font plus que quinze millimètres.
Aujourd’hui toutes mes créations concentrent principalement des procédés d’émaillage manuel et de thermoformage. A cela, s’ajoutent parfois le savoir-faire d’un ébéniste par exemple, comme c’est le cas pour ce modèle. Les pièces de mobiliers que je crée se développent au sein de deux univers très complémentaires: l’architecteur d’intérieur et la création d’objets d’art. Il était donc logique que je collabore un jour avec Majuno.