Les coulisses de Majuno
Pour créer cette table en marqueterie de paille, Valérie Colas des Francs a laissé germer son imagination. Subtilement géométrique, sa création mêle métier d’art traditionnel et lignes graphiques d’un mobilier contemporain. Entre nuances de bleu, de vert et de violet, elle semble aussi vivante et vibrante que la matière naturelle dont elle est née.
Valérie Colas des Francs a eu la chance de grandir au milieu d’objets du XVIIeme. Leurs couleurs comme les techniques utilisées à l’époque ont éveillé son intérêt. Magie du toucher et des sensations, la paille – matière lumineuse et vivante s’il en est – l’a plus particulièrement touchée. Durant une quinzaine d’années, elle a appris la restauration d’objets et de mobilier ancien chez Lison de Caunes. Cette spécialiste de la marqueterie de paille, qui a elle-même hérité ce savoir de son grand-père, le décorateur André Groult, a ouvert le champ des possibles de la créatrice.
Quel est votre rapport à la paille ?
Je pense vraiment que j’exerce ce métier parce que c’est elle et parce que c’est moi. Nous nous sommes rencontrées. Je n’ai habituellement aucune patience sauf avec elle. La paille me fait un bien fou. D’une part elle est sensuelle, elle vibre et joue sans cesse avec la lumière. Elle est à la fois simple et raffinée. Je reste fascinée après toutes ces années par le chemin parcouru par le brin de paille, depuis son champ jusqu’à moi et mes créations.
Comment définissez-vous votre métier ?
La marqueterie de paille permet d’embellir une surface en créant un motif avec une matière. Plus exactement, il s’agit de réaliser un placage avec un collage bord à bord. L’idée est d’accompagner le regard dans une composition graphique voire colorée, comme c’est le cas avec la table que j’ai créée pour Majuno.
Accompagner les décorateurs, architectes ou particuliers est une part importante de mon activité. C’est parfois une sacrée aventure de comprendre l’envie ou les idées de l’autre. Et au-delà, il y a le défi de la mise en œuvre. Puis les questions techniques évacuées, se présentent les couleurs et les formes. Chaque étape, aussi différente soit-elle me passionne, avec une petite préférence pour la création pure. Elle ouvre un espace où tout est possible, où les seules limites sont celles que l’on se donne. J’ai par exemple en tête depuis des années l’idée un peu folle de faire une toupie géante. J’aime l’idée du mouvement en toute création.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans le projet Majuno ?
J’ai aimé la simplicité de l’approche de Julie. Elle est venue à l’atelier, elle a touché, cherché à comprendre la matière paille avec ses imperfections liées au vivant. Et puis j’ai aimé son attachement aux matériaux pour ce projet, les choix de couleurs qu’elle m’a proposé et sa capacité à oser, tout simplement. Pour moi, le mobilier a autant de valeur qu’une œuvre d’art. L’art comme les objets à vivre participent à notre bien-être.